Ce nouvel article pour relater des expériences en vélo couché loin des routes trop fréquentées et sur des itinéraires en mauvais état ou non goudronnés. Avant ma conversion au vélo horizontal, en 1990, j’étais très friand de routes de fond de vallée se terminant parfois par des cols non revêtus permettant la jonction avec l’Italie par exemple.
Cette rubrique sera enrichie au fil du temps à la faveur de mes escapades ou de celle réalisées par des amis ou clients.
Les Deux Alpes (Col du Jandri 3150 m) Vendredi 14 septembre 2012).
De l’Alpe de Mont de Lans 1657 m à La Séa 2180 m : 5 km pour 523 m d’ascension.
Le SoftRider équipé en pneu clou à l’avant dans les neiges de Septembre devant le glacier de Mont de Lans
Après transformation du Soft Rider par la pose d’un triple plateau (46/39/24) ainsi que d’un pneu Schwalbe Ice Spiker 53-559 suite à une chute de neige importante une semaine avant la sortie, je me lance dans l’aventure tout en sachant que les pentes extrêmes ne me permettrons pas de faire le parcours intégralement à vélo pour des raisons techniques mais surtout physiques (manque de puissance et d’endurance…).
Après 4 Km de montée, la vue devient ample sur Les Deux Alpes et l’Alpe d’Huez
Le pneu clou, n’étant pas adapté à un parcours routier mais surtout pour ne pas me fatiguer prématurément, je me contente de tester le matériel entre Crolles et la gare de Grenoble où je prends un car pour Bourg d’Oisans en début de matinée.
Une rampe à 20% , me permet, en posant pied à terre de contempler la Tête de Lauranoure (Massif des Ecrins) qui pointe son nez…
C’est en piaffant comme un poulain que j’entame l’ascension avec une première petite pose au km 2, ensuite à partir du km 6 les pauses vont devenir omniprésentes suite à de forts pourcentages.
Au-dessus de La Combe du Thuit, à 2200 m en regardant vers Les Grandes Rousses
De La Séa 2180 km 5 au lac du Sautet km 8 2445 m : 3 km pour 265 m d’ascension.
Vers 2600 m, le pneu clou est fort utile dans la boue
Mise à part 5 véhicules tout terrain et un camion de fuel ravitaillant des chantiers d’entretien ds pistes, je me retrouve très vite loin du bruit dans le calme de la haute montagne.
Les pauses deviennent plus nombreuses et tendent à s’allonger avec les difficultés grandissantes mais quel bonheur de s’élever doucement mais surement.
Des restes de neige , cette dernière état descendue en dessous de 2200 m, apparaissent bientôt sur le versant et en bordure de la piste…
Je croise un cycliste sur un vélo de descente qui ne s’arrête pas et plus loin juste avant la petite descente sur le magnifique lac de Serre Palas
Le lac de Serre Palas à 2760 m
un mototrialiste qui se montre curieux vis à vis de mon mode de locomotion ; il faut dire qu’il a autrefois fait cette montée en VTT (en 3 h)… Le vent , du Nord-Ouest modéré mais omniprésent depuis le début passe au régime supérieur (30 à 40 km/h) ce qui fait que je dois vite me protéger… A partir du km 11 les parties réalisées sur le vélo vont devenir épisodiques et de coutes durées (200 m maximum).
Col des Gourses et lac de Serre Palas : du km 8 2445 m au km 11 2770 m, 3 km pour 345 m d’ascension.
La progression fini par devenir très difficile à cause du vent de face, turbulences, dont certaines rafales voisinent les 80 km/h. A 1 km du sommet je fais une longue pause de 20 minutes à l’abri tout relatif d’un rocher.
Une portion à pente “modérée” (12 %), cyclable vers 3000 m sous Le col du Jandri 3150 m
Vue vers les Aiguilles d’Arves et le Mont Blanc, depuis le Col du Jandri 3150 m
A mon arrivée, transis de froid, je cherche un abri, mes pas s’enfoncent dans de la neige profonde et je finis par trouver la salle hors sac, miraculeusement ou préventivement ouverte. A l’intérieur, des distributeurs de boissons ajoutent au surréalisme: manque de chance, celui des boissons chaudes est en panne. Je bois néanmoins deux boissons très fraîches et passe, en perdant la notion du temps, quasi une heure à l’intérieur.
Du lac de Serre Palas 2784 m au col du Jandri 3150 m : 2,9 km pour 366 m d’ascension.
J’entame la descente tardivement…
Conclusion bilan : j’ai passé seulement 1 h 30 sur le vélo, 1 h 20 à pousser le vélo (moyenne 3 km/h) et 2 h de pauses. Le plus important est de savoir qu‘il est possible de réaliser, avec un vélo couché adapté, des sorties “tout chemin” en montagne. Le pneu clou a permis de descendre, en 1 h vers les Deux Alpes, dans la boue et la neige, au début, en toute sécurité sans que la roue avant n’esquisse la moindre glissade. Je ne sais pas quelles auraient été mes “performance” sur un VTT, ce que je sais c’est que la descente ne m’aurait procuré ni confort ni plaisir. Il existe beaucoup d’autre itinéraires tranquilles et moins difficiles, dans les Alpes, qui me permettrons de m’éloigner de la fureur des routes asphaltées. J’apprends que ce col que je n’avais jamais grimpé en vélo droit est considéré comme le plus haut col cyclable de France, en temps qu’ancien chasseur de la confrérie des Cents Cols ; je suis comblé.
Le Col du Fréjus et le sommet de Punta Bagna 2731 m au sud de Modane en Savoie (fin août 2012).
Du Charmaix à 1905 m : 3,6 km pour 304 m d’ascension
Dimanche 29 Août 2012 vers 5h 30, je viens de quitter le Camping de Modane sur La D216, sur mon Soft Rider 26″, pour gagner Le Charmaix à 1600 m. Après un peu plus de 6 km d’une rampe avec des passages à plus de 12 %, j’arrive à la station qui marque la fin de la route revêtue. Le parking déborde de voitures mais par chance, les vacanciers dorment encore: tout est calme.
Route du Col du Fréjus, à 1800 m
Après un second et solide petit déjeuner dans un café qui vient d’ouvrir, je reprend ma route vers 7 h. La piste, pas trop pentue, est finement pulvérulente, tout va bien jusqu’à la cote 1660 environ. Ensuite, mon compact de 34 dents ne me permet plus de franchir la rampe à plus de 10%! je me dis que ce n’était qu’un rêve que de vouloir passer des cols alpins non goudronnés… Je pousse le vélo sur environ 300 m, plus loin la pente frise les 10% et après plusieurs tentatives je réussi à démarrer et surtout à conserver une adhérence correcte au cours de ma progression. Je peux ainsi progresser sur le vélo pour atteindre les 1920 m, endroit où la pente de plus de 17 % me contraint à poser pied à terre pour 1 km.
Du Lavoir 1905 m a “sous le Col D’arrondaz” : 4,4 km pour 515 m d’ascension
Le massif de La Vanoise, visible depuis la route du Fréjus (2100 m)
Par la suite, j’arrive à être très rapide pour verrouiller les deux pédales auto sur mes chaussures et je n’hésite pas à zigzaguer pour rester sur le vélo dans les parties de gros graviers.
Le rêve devient réalité, il est possible de progresser avec un traction avant directe même dans une forte pente de cailloux!
Col du Fréjus et Punta Bagna
Je ne croise en tout que 3 voitures durant la montée du col ; le silence avec parfois le sifflement des marmottes et les sonnailles d’un troupeau, me font un bien fou.
Sommet sauvage du Col du Fréjus
Des restes de barbelés et en arrière plan La Punta Nera 3046 m
Plus haut, la piste devient moins difficile ce qui fait que je vais cueillir au passage le Col d’Arrondaz avant de rebrousser chemin pour gagner le Fréjus à 2540 m. Il est 9 h 45 et je profite d’un petit vent frais car la température en plaine va dépasser les 38°… Tout au long de la montée j’ai aperçu des casernes et casemates ; cette piste militaire, à l’origine à été réalisée pour défendre la frontière.
Vue sur le Lac de Bagna et l’échancrure du col du Fréjus à partir de la Punta Bagna 2731m
Au niveau des ruines des baraques du Fréjus, j’entame l’ascension de la Punta Bagna, cyclable à 90 %. Au sommet la vue porte vers le Queyras, La Meije, La dent Parrachée et le Mont Blanc.
Dès que je rentre j’équipe le Soft rider en triple plateau ce qui me permettra de faire quasi intégralement ce type d’ascension (poussage de 1 km au lieu de 2,5 comme pour cette sortie).