1991, c’est l’année où j’ai construit mon premier vélo couché:
un LWB,Long Wheel Base autrement dit un TGV : Très Grand Vélo.
C’est aussi l’année où j’ai aperçu la merveille ci-contre dans une vitrine du magasin Peugeot d’Epinal. J’aurais voulu parler à l’heureux propriétaire mais il était 23 h et je devais prendre un train pour le sud.
De multiples histoires du Vélo couché dont certaines très complètes existent sur le Web, c’est pourquoi celle ci sera très concise, personnalisée et absolument non exhaustive.
En guise d’introduction et en réponse à une remarque fréquente “Tiens c’est nouveau et/ou Est-ce que ça existe depuis longtemps ce type de vélo” de ceux qui découvrent le vélo couché. Oui, les ancêtres de ces étranges machine sont datés de 1869.
Au salon du vélo de Genève en 1893, l’ingénieur suisse CHALLAND présentait un nouveau type de bicyclette qu’il qualifiait avec ironie de bicyclette normale car à son avis le pilote était installé de manière beaucoup plus ergonomique que sur les autres vélos.
Jusqu’en 1914 les courses de vélos classiques (cadre diamant) monopolisent toute l’attention des médias et des foules, ce qui fait que les vélos couché passent totalement inaperçus. A partir de cette date, les vélos couchés se fabriquent en petites séries aussi bien en Allemagne qu’en France.
Dans les années 20, Charles MOCHET construit une voiturette à pédale (boîte à savon) pour son fils Georges et se passionne pour ce type de véhicule. Un marché pour les familles au revenu modeste existe, il se lance dans l’aventure. Plus tard Georges rejoint l’entreprise familiale et produit un tricycle qui va évolué vers le Velocar à 2 roues de 20″, ce vélo couché va permettre à Francis FAURE (quasi un amateur) de battre le record de l’heure (45,1 km!) en 1933 au vélodrome du Parc des Princes. Le problème est que ce type de vélo, comme les carénages-fabriqués souvent par des constructeurs d’avions- utilisés sur des vélos classiques dérangent pas mal de membres influents de l’UCI (Union Cycliste Internationale), derrière la compétition, il y a les fabricants de bicyclettes qui tiennent naturellement à développer leur marché. En février 1934, à l’issue du 58 eme congrès de l’UCI, une nouvelle définition, en terme de dimensions, de la Bicyclette de course conduit à exclure les vélos horizontaux de la majorité des courses. En dépit de ce fait déplorable Charles MOCHET continue la production de vélos couchés jusqu’à sa mort en, le 3 juin 1934. Son fils Georges va continuer à améliorer le Velocar par abaissement de la hauteur du siège et l’ajout d’un carénage.
Par la suite un duel, pour le record de l’heure, qualifié de Course des Rois devait s’engager, principalement, entre BERTHET et son Velodyne N°1, Vélo droit entièrement caréné, FAURE avec son Velocar caréné et MOCHET. Au final c’est Francis FAURE qui devait l’emporter, le 5 mars 1939 avec 50,337 km dans l’heure. Georges MOCHET, satisfait de ce record qui tiendra jusqu’en 1971, décide de continuer la production de vélos couchés.
De nombreux autres fabricants produisant des vélos en position plus ou moins allongée vers l’arrière ( Le Triumph “Moller” 1936 est un ancêtre des Cranks Fowards commercialisés entre autres par RANS), voir plus rarement vars l’avant (Dynacycle belly recumbent) en séries plus petites existent principalement en France et en Allemagne mais aussi en Grande Bretagne et aux Etats-Unis et dans quelques autres pays.
Après la seconde guerre mondiale les vélos couchés deviennent moins disponibles en Europe, leur production est intermittente et limitée, à l’inverse des USA ou la production est plus constante et diversifiée.
En Allemagne de l’Est l’ingénieur Paul RINKOWSKI va joué un rôle de premier plan dans le développement du vélo couché moderne et sa production. Né en 1915, ce dernier va porter ses effort sur l’amélioration du rendement et de l’aérodynamisme des bicyclettes pour proposer une alternative à l’automobile rare dans ce pays socialiste et bureaucratique. Il n’est pas soutenu et ses idées et prototypes sont mêmes rejetées par les institutions. En dépit de quelques apparitions en 1981 et 1984 à la télé, il restera incompris par les officiels et les médias.
En Californie, en mars 1976, deux universitaires David Gordon WILSON (concepteur du Bent (vélo couché) Avatar 2000) et Chester KYLE fondent l’ IHPVA (International Human Powered Vehicle Association). Cette association se donne pour mission, la promotion et le développement de tous les véhicules terrestres, aériens, marins et sous marins mues par la force humaine. Ceci sans aucune restriction règlementaire. Cette initiative va conduire au renouveau du vélo couché américain avec une préférence marquée pour les LWB (Long Wheel Base, vélos à grand empattement). Une ou deux dizaines de fabricants vont par la suite proposer des modèles plus différenciés.
C’est dans les années 1988-89 que je deviens membre de l’IHPVA et m’abonne à la revue, l’imagination et l’ingéniosité des américains me fascinent ; déjà il existe des fabricants de vélo allongé en Allemagne (la marque Radius propose le Peer Gynt qui ressemble beaucoup à l’Avatar cité plus haut), en suisse et aux Pays Bas.
En 1990, je découvre, qu’il existe un importateur de la marque Radius en Bretagne; c’est Rimsky KORSAKOV qui est le patron d’un restaurant Bio de Saint-Brieuc. Merci à lui de m’avoir permis de prendre des photos qui m’ont conduit à la réalisation de mon premier vélo couché en 1990.
Je tiens à rendre honneur à des copains de CCI Françoise et Bernard MAGNOULOUX, voyageurs au long cours, qui adoptèrent des vélos horizontaux RADIUS à partir de 1988, je crois.
Malheureusement les cyclistes français sont resté longtemps très figés dans leurs habitudes et les vélos couchés étaient encore associés le plus souvent à des Vélos pour handicapés, encore dans les années 90 à 2000. Les réactions s’étageaient entre la surprise, le rire ou la moquerie voir parfois le dédain et dans les cas extrêmes de l’agressivité.
Une partie de l’histoire importante du vélo couché, celle des records sera traitée dans la page consacrée à l’aérodynamisme.
En guise de conclusion et pour mesurer le chemin parcouru: le dynamisme des marques et des pratiquants allemand et hollandais de vélos couchés ou de vélomobiles est époustouflant. Il existe plus d’une centaine de marques de par le monde. La plus grande partie de la production se fait à Taïwan ce qui pourrait un peu changer à l’avenir. De gros progrès ont été réalisés pour ce qui est de la conception des cadres et surtout du poids puisque l’on trouve maintenant facilement des modèles de moins de 10 kg.
Les fabricants dans leur grande majorité, ne testent pas assez leur modèles avant de les proposer à la vente ce qui fait que le revendeur à un rôle important à jouer pour ce qui est du soin du détail et du fonctionnement optimal d’un vélo couché proposé à la vente ou à la location.
- AIRODIN , ON AVANCE, Cycles ZEN ,M5 France et Cycloutil ont été des précurseurs de la promotion et de la vente des vélos horizontaux en France
- Quand j’ai démarré mon activité en 2007, il n’ y avait guère plus de 5 revendeurs de vélo spéciaux (vélos couché et tricycles ainsi que tandems couchés)
- en 2012, il y a plus d’une trentaine de points de vente de vélos couchés et 2 ou trois fabricants Français actifs dont ZOCKRA et ALIACIKLO
- les personnes qui n’ont jamais vu de vélo couché, en France deviennent de plus en plus rare et les pratiquants de plus plus nombreux échangent sur les forums principalement velorizontal.
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